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Interview de Stéphane Layani – Rapport Annuel 2015

13 mai 2016

QUE RETIENDREZ-VOUS DE L’ANNEE 2015 ?
Sans hésitation possible, je dirais que c’est la prolongation de la mission de la SEMMARIS jusqu’à 2050. À la suite d’un amendement déposé dans le cadre de la loi Macron par le député du Val-de-Marne, Jean-Jacques Bridey, les législateurs ont choisi, à l’unanimité, de confirmer cette mission dans une optique de long terme. C’est déjà une belle récompense pour le travail accompli par mes équipes et moi-même. Mais c’est surtout une décision qui ouvre de très belles perspectives au Marché de Rungis. Elle nous permettra d’investir sur notre Marché avec une rentabilité suffisante et d’assurer un fonctionnement optimal. Auparavant, l’échéance de cette mission était fixée à 2034. Cela peut encore paraître lointain. Mais en réalité, cela ne nous laissait qu’à peine vingt ans pour amortir des investissements qui nécessitent des durées d’amortissement nettement supérieures. La prolongation de notre mandat, c’est le gage de la pérennité du Marché. Comme je m’y étais engagé en prenant mes fonctions, celle-ci est désormais assurée.

QUELLES PERSPECTIVES OUVRENT PRÉCISÉMENT CETTE PROLONGATION ?
J’ai élaboré le plan « Rungis 2025 » dès que la mission de la SEMMARIS s’est trouvée confortée. Il s’agit d’un plan d’action à horizon dix ans pour moderniser le Marché. Avec mes équipes, nous avons identifié ce qu’il convenait de rénover et de construire, en cohérence avec les évolutions de la production, du commerce et de la consommation. Celles-ci favorisent de nouvelles activités ou de nouveaux modes opératoires, comme l’essor du e-commerce pour ne citer qu’un exemple très emblématique.


EN QUOI CONSISTE DONC VOTRE PLAN « RUNGIS 2025 » ?
Durant les dix années à venir, la SEMMARIS va pouvoir consacrer plus de 500 millions d’euros − 510 millions pour être précis − à la modernisation complète du Marché. Sachant que les opérateurs investiront autant en parallèle, comme ils le font à chacune de nos opérations, il s’agit donc d’un programme de un milliard d’euros. C’est une somme très importante qui va nous permettre de construire pas moins de 132 000 mètres carrés et d’en réhabiliter 88 000.


AVANT DE LANCER CE PLAN DÉCENNAL, QUELLES ONT ÉTÉ LES ACTIONS MAJEURES DE LA SEMMARIS EN 2015 ?
Très rapidement, le secteur porc va, d’ici à 2018, bénéficier d’un nouveau pavillon de 12 000 mètres carrés louables sous froid positif. Ensuite, le travail sur le secteur horticulture et décoration sera poursuivi pour en densifier les espaces et améliorer l’attractivité commerciale. Enfin, nous entamerons avec les opérateurs de la filière une réflexion sur l’évolution de la distribution des produits de la mer sur Rungis. Parallèlement, 130 000 mètres carrés nouveaux d’entrepôts de toutes tailles, à la pointe de la technologie, vont permettre une distribution efficace et éco-responsable des produits alimentaires en centre-ville.

Après le pavillon de la gastronomie, nous poursuivons notre stratégie d’adaptation aux besoins des Français avec le bâtiment bio qui a vu le jour en temps et en heure. Les façades du secteur traiteur ont été rénovées. La modernisation des avenues de Normandie et des Trois Marchés a été achevée. Un véritable embellissement du Marché est en cours et j’ai d’ailleurs demandé à un grand architecte, Jean-Michel Wilmotte, de proposer une nouvelle vision du site. L’objectif, c’est que Rungis puisse ressembler davantage à son objet, en véhiculant la proximité des halles et de l’alimentation… Au-delà de ces travaux, après une analyse de l’action passée, j’ai relancé l’activité internationale de la SEMMARIS par la signature de contrats de licence avec Dubaï et Moscou. Désormais, nous exportons un produit précis et complet, décliné en trois phases, qui permet à Rungis de devenir un modèle mondial. Et il y aurait bien d’autres actions à énumérer : le déploiement de véhicules propres, le succès de notre nouvelle pépinière d’entreprises… La SEMMARIS clôt ainsi une très belle année 2015. Je note que l’activité du marché physique a été particulièrement soutenue et qu’en matière de fréquentation, les chiffres de l’année 2015 demeurent bons dans un contexte global très tendu. La tendance reste également positive sur la conquête de nouveaux acheteurs. D’ailleurs, nous avons réalisé une enquête qui nous a permis de constater que les visiteurs s’estiment bien accueillis sur le Marché, notamment aux péages ce qui est bien sûr essentiel puisque c’est le premier contact qu’ils ont avec Rungis.

FINALEMENT, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR LES DÉFIS DE DEMAIN ?
À partir de la consolidation du statut juridique du Marché, j’ai pu, grâce à mes équipes et aux forces vives des entreprises du Marché, élaborer une vision de long terme, ce qui est crucial pour un chef d’entreprise. La SEMMARIS sait où elle veut aller. Une de ses forces, c’est la qualité de ses collaborateurs et la cohésion de l’entreprise autour de la politique qui est menée. Notre travail porte ses fruits. L’année 2016 s’annonce passionnante. D’autant que nous avons beaucoup de projets en réserve. Ainsi, je suis persuadé qu’à moyen terme, une partie du commerce va progressivement passer par les voies électroniques. Le Marché a tout ce qu’il faut pour en profiter ; il n’y a donc aucune raison de faire l’impasse sur ces développements. Il ne s’agit pas d’opposer l’économie numérique au reste de l’économie. Elle n’est pas si fondamentalement différente, mais c’est une évolution structurante qui a vocation à se diffuser partout. En cela, l’arrivée de la fibre optique à Rungis marque une accélération de notre capacité numérique et constitue une base puissante pour soutenir la modernisation des entreprises. Le défi, c’est maintenant de réussir la mutation de nos entreprises vers le marché du XXIe siècle.